Claude

May 15, 2019 Share

Mon père et ses forêts en Algérie

Mon père a travaillé dans les Eaux et Forêts. Dans tous les pays, il y a un organisme qui s’appelle les “Eaux et les Forêts”, qui s’occupe des eaux et des forêts domaniales : c’est-à-dire les forêts qui appartiennent à l’État, et pareil pour l’eau. Lui, il était plus pour les forêts. Comme en Algérie il y avait beaucoup d’incendies, avec des adjoints, ils allaient faire des tranchées, s’occuper de la santé des arbres, des forêts… Il avait commencé bas dans l’échelle, agent, et il a fini ingénieur parce qu’il a passé des concours et tout ça. Une grosse tête.

L’Algérie a toujours été très touchée par les feux de forêt. Pendant la période coloniale, le bilan a été désastreux, notamment lors des périodes de troubles politiques.
 

Ma mère : des ciseaux, une aiguille et du fil…

Ma maman, elle, n’avait pas fait d’études. Elle avait fait la sixième, mais comme elle pleurait et que sa maman était toute seule – pas de père et tout… –, sa maman l’a quittée de l’école. Elle a toujours dit : “J’ai regretté que ma mère m’ait quittée de l’école.”

Sa grande peine, à ma mère, c’est de ne pas avoir eu de père, puisqu’elle avait 2 ans quand il a été tué à la guerre. Mon oncle est né après la mort de son père : mon grand-père avait été en permission et puis “tac tac”… Quand il a été tué, ma grand-mère s’est rendue compte qu’elle était déjà enceinte. C’est triste. Elle ne s’est jamais remariée, elle avait 24 ans. Un jour je lui ai dit : “Mais tu t’es jamais remariée ?” Je l’ai vexée, parce qu’elle avait le souvenir et elle ne voulait pas le gâcher. Elle voulait garder ce souvenir de cet homme qui était le père de ses deux enfants. Moi, je la soupçonne quand même d’avoir eu un petit copain – je l’espère pour elle !

 
“Et quand un jour je lui ai dit: “Mais tu t’es jamais remariée ? Je l’ai vexée, parce qu’elle avait le souvenir et tout elle ne voulait pas le gâcher. Elle voulait garder ce souvenir de cet homme qui était le père de ses deux enfants. Moi, je la soupçonne quand même d’avoir eu un petit copain – je l’espère pour elle [rires]. Ça c’est ton arrière arrière grand-mère.”
 

Après la sixième, ma mère a fait de la couture. Elle a cousu. Au début elle faisait des vêtements pour les gens parce qu’il n’y avait pas de magasins comme maintenant. Elle faisait des robes, des pantalons et tout ça ; et après, elle n’en a fait que pour nous. Moi j’étais toujours bien habillée, ça ! Belle robe, un beau tissu… mes frères aussi, toujours élégants ! Voilà, ça, c’était ma maman.


Jusqu’en 1959, l’école n’était obligatoire que jusqu’à 14 ans.
 

Mon petit frère, mon filleul

La naissance de mon petit frère Jean-Marie…J’avais 10 ans et maman devait aller à l’hôpital, mais en fait un quatrième enfant ça vient tellement vite que c’est mon père qui a accouché ma maman. Et puis j’entendais que ça bougeait dans la maison, je me suis levée et puis il y avait une dame qui était arrivée et elle me dit : “ah non, non, non tu vas pas là !”. J’aurais bien voulu voir cette naissance ! Mais bon, pour une enfant de 10 ans, c’est pas un spectacle… C’était de la curiosité, parce que ma mère je l’entendais crier ! Je me souviens de ma mère quand elle a appris qu’elle était enceinte, elle était folle. Elle sautait parce qu’elle pensait que ça allait tomber ! Elle étendait le linge très haut. Parce qu’il n’y avait pas l’avortement. C’était impossible d’agir, il y avait pas la contraception. C’est comme ça qu’il y avait des familles de 5, 6, 8 enfants. Et puis, surtout pas l’avortement.

Et donc après ce petit bébé… comme ma mère n’en voulait pas… À 6 mois, il a eu une diphtérie qui l’étouffait vraiment. Le docteur est resté la nuit à lui enlever les peaux qui poussaient. Il avait 6 mois, il s’accrochait, je me souviens, À mon père… Toute la nuit, le docteur était là. Et puis, au matin, il était plutôt guéri. Et puis après il s’est mis à loucher… Mais Jean-Marie, c’est un petit frère que j’ai aimé, vraiment… parce qu’en plus ma mère, elle m’a mise marraine… alors là j’étais fière de mon petit filleul ! Voilà, c’est Jean-Marie. Et puis c’est toujours resté. Bien que je lui trouve des défauts aussi, hein !

Les femmes en France ont obtenu de nombreux droits en matière de procréation dans la seconde moitié du 20e siècle. La loi Neuwirth de 1967 a autorisé la contraception. La loi Veil de 1975 a légalisé l’avortement.

Mais même aujourd’hui, l’Algérie est resté l’un des pays les plus restrictifs de la région en matière d’avortement. Avec la loi sur la santé de 2018, le droit à l’avortement est devenu légal de manière limitée. Jusqu’à présent, les Algériens étaient obligés de se rendre en Tunisie, qui avait légalisé l’avortement en 1973 – même avant la France – afin de contrôler la population.
La diphtérie était une cause fréquente de décès chez les enfants jusque dans les années 1940.
Depuis l’introduction d’une vaccination efficace, à partir des années 1920, les taux de diphtérie ont considérablement diminué. En 1974, la portée de la vaccination antidiphtérique s’est accrue lorsque l’Organisation mondiale de la Santé a inclus l’anatoxine diphtérique dans sa liste des vaccins recommandés pour son programme élargi de vaccination des pays en développement.
 

Une famille en temps de guerre

Mon père… c’était un gentil. Ma mère, elle rouspétait beaucoup. Il fallait obéir, ne pas la contredire. C’était son idée qui était la bonne ! Une maman avec 4 enfants, ça peut pas être… et puis c’est plus les mamans de maintenant et les enfants de maintenant qui sont chouchoutés. Quand y en a 4… au suivant, hein! Bon, malgré tout, je garde un très bon souvenir de mon enfance.

Moi, je pense que je ressemble plus a mon père. Là, je me jette des fleurs ! Mais je suis pas comme ma mère. Elle boudait souvent, c’était parfois difficile pour la famille. Moi j’avais toujours dit: jamais je ne bouderai ! De toute façon, après on se réconcilie ! Donc autant y aller tout de suite plutôt que de dire “ah et t’as dit ça”, “ah et j’ai dit ça”… non.

Ma mère, elle n’avait pas vécu avec un père et une mère puisque son père était mort à la guerre, elle n’avait vécu qu’avec sa mère et son frère. Elle n’a jamais senti qu’un père et une mère, c’est deux autorités, et que ces deux autorités ne sont parfois pas d’accord. Donc elle ne se rendait peut-être pas compte. Mais je ne lui en voulait pas non plus, c’était comme ça. Et puis c’est notre mère. Et une maman, c’est précieux !

Jean-Marie devant Bernard, mon père et ma mère – Cannes, France

Y a eu cette guerre, aussi. À partir de 4 ans, jusqu’à 10 ans, j’ai toujours eu un peu d’angoisse. Et encore, on était pas en France ! C’était quelque chose d’inquiétant, la guerre. Ça inquiétait les enfants de 4-5-6 ans ,quand on entendait les adultes chuchoter à cause des collabos qui allaient rapporter à la police ce qui se disait, ce qui se faisait… donc ils ne parlaient pas. Et surtout pas devant les enfants. Ils ne parlaient pas devant nous, mais on sentait cette peur qui était entre eux. Quand l’enfant voit que les parents ne sont pas bien, il est encore moins bien, parce qu’il ne sait pas. Et il se dit : “Si le protecteur n’est pas sûr, comment je fais, moi, pour être protégé,?” Et même pendant quelques années après la guerre, on y pense encore.

Famille française écoutant la radio de la BBC pendant l’occupation, Seconde Guerre mondiale

Affiche de propagande de la Wehrmacht allemande dans la France occupée, 1940.

La Seconde Guerre mondiale, l’Algérie et l’Afrique du Nord étaient sous le contrôle de l’Allemagne nazie et de la France de Vichy. Pendant la guerre, de nombreux Algériens musulmans et européens ont servi dans l’armée française. Les troupes algériennes se sont particulièrement distinguées dans le corps expéditionnaire français sous le général Juin lors de la campagne d’Italie de 1943 et de l’invasion du sud de la France par les Alliés en 1944.

Pendant ce temps, les forces d’occupation (les forces alliées et les puissances de l’Axe) ont commencé à transmettre des messages et des promesses d’un “monde nouveau pour les peuples autrefois sujets”. Les promesses d’émancipation ont enthousiasmé le peuple algérien, qui allait enfin pouvoir former une nation souveraine.
 
“Ils ne parlaient pas devant nous mais on sentait cette peur qui était entre eux. Quand l’enfant voit que les parents ne sont pas bien, il est encore moins bien, parce qu’il ne sait pas. Et il se dit : ‘Si le protecteur n’est pas sûr, comment je fais, moi, pour être protégé ?'”
 

Après, il y a eu la guerre d’Algérie ; mais je peux pas dire qu’on en a beaucoup souffert, nous, dans notre famille. Peut-être qu’on n’était pas au mauvais endroit, on était au bon endroit, je sais pas… en tout cas on est passés à travers les gouttes.

 

Le retour du soldat

Il y a un truc dont je me souviens et qui m’est resté, et c’est un grand bonheur : c’est quand mon père a été libéré. Qu’il est revenu de la guerre parce qu’il était parti pendant longtemps et ma mère n’avait pas de nouvelles, pendant huit mois. Alors il y a une anecdote rigolote : c’est que ma mère, pendant 8 mois, elle n’a pas reçu une seule nouvelle de mon père. Et tous les jours, le facteur passait et ne s’arrêtait pas, et au bout du compte il n’osait même plus passer devant chez nous. Et un jour, ma mère dit : “Je vais faire une neuvaine.” Vous savez ce que c’est ? Aller à l’église pendant 9 jours, communier à la petite messe du matin pendant 9 jours. Elle est allée à la messe tous les matins, et le neuvième jour passe le facteur avec une pile comme ça de lettres. Si tu crois pas au Bon Dieu après ça !

Mon père avec moi et Jacques
 

Lire, coudre, chanter, écouter la radio…

Il y avait de vraies veillées, comme on les appelait. Après manger, on était ensemble ; les enfants lisaient ou ils jouaient. On veillait en attendant d’aller se coucher. Ma mère, il fallait lui enfiler les aiguilles. Quand j’étais là, je lui enfilais les aiguilles. Après, mon père l’a fait pour elle, et elle cousait. Il n’y avait pas de télé, ils écoutaient la radio : il y avait les pièces de théâtre ou des choses comme ça qu’on écoutait à la radio. S’il n’y avait rien à la radio, on se parlait, on lisait ou… ma mère, elle, chantait. Elle a toujours aimé chanter. Un peu moins après, la pauvre, mais elle chantait bien… Moi, après, plus grande, j’ai écouté aussi, mais mes enfants : à huit heures c’était “closed”, couchés !

 

Les vacances

Quand j’étais enfant, je venais en France. Puisque j’étais en Algérie, je venais en France dans l’Allier pour voir la famille de mon père. On allait un peu à la pêche… on n’avait pas beaucoup de distractions dans ces petits villages. Par contre, c’était l’été et il y avait souvent des fêtes dans les villages où on allait jouer “sur le parquet”, comme on disait. C’était le lieu de danse des villages. On allait danser sur le parquet. Dans la famille ou on étai,t il y avait des vieux vélos, alors on prenait un vélo et hop ! on allait se promener un peu en vélo le long de la petite rivière, qui s’appelle la Besbre d’ailleurs, et qui se jette dans la Loire… et c’était Jaligny-sur-Besbre, à côté de Vichy. C’est là que je venais assez régulièrement en vacances d’Algérie. On prenait un bateau pendant 24 heures pour faire Alger-Marseille.

Peut être quand Jean-Marie a eu deux ou trois ans… Peut être que j’avais 14 ans quand je venais. Les quatre enfants étaient contents de partir en vacances en France ! J’étais drôlement fier puisqu’il n’y en avait pas beaucoup qui venaient en vacances en France… Ou même en vacances…

De gauche à droite : mon père, ma mère ma grand-mère, une grande-tante.
 

Mes amies chéries

J’ai gardé, et je les ai toujours, des amies de pension. Notamment Huguette, que je vois toujours, et c’est vraiment une amie de toujours. On s’est connues quand on était en quatrième, et on s’est plus perdues de vue. Parce qu’on était déjà en pension ensemble, on s’entraidait. Par exemple, le samedi je lui faisais ses mises en plis, je lui mettais des bigoudis, comme on le faisait, parce qu’elle sortait beaucoup le dimanche – elle avait une correspondante à Belabes. Et puis ces gens-là avait un fils et tu vois, il fallait qu’elle soit belle pour aller voir son correspondant ! Et puis, quand elle rentrait le dimanche soir, elle me disait : “T’as appris les leçons?” “Oui !” Je lui racontais l’Histoire, parce qu’on avait Histoire le lundi. Elle me disait : “Raconte-moi l’Histoire!” Alors je lui racontais l’Histoire parce qu’elle n’avait pas appris sa leçon…

Et cette amie-là je l’ai toujours. Depuis j’en ai quand même deux autres. Bah y’a Huguette, la grande Maggie, et Marie-Claude, qui s’appelait Latordre dans ce temps-là, et puis celle de Lille. Mais vraiment Huguette… D’ailleurs ils devaient venir avant Noël pour nous voir. Et comme je n’étais pas bien, ils ont remis le voyage. Je ne pouvais pas les recevoir. Elle habite Metz. Je crois que cette amitié est si solide parce qu’on n’est pas tout près. Parce que des fois, à être trop près, on voit les défauts, tu vois. Alors que quand on est loin, on n’a que les bons moments à se raconter.

À Strasbourg, j’ai rencontré la grande Maggie. Pierre-Jean avait trois ans et demi. Après la guerre d’Algérie, comme tout le monde est revenu, on a éclaté dans toute la France. C’est comme ça qu’il y en a eu une à Toulouse, une au Mans, une a Lille et une a Metz. Comme on était tous fonctionnaires, l’État nous a dit : “Toi tu vas là, toi tu vas là…” Moi, comme je venais de me marier avec un Français de France, votre grand-père, lui il était nommé à Auxerre, donc moi je suis venue d’emblée.


Mes amies de pension
Ma classe de Première
 

Mes parents sont restés encore un an en Algérie après l’indépendance. Et puis mes parents ont été obligés de rentrer rapidement parce que mon père était malade et que les hôpitaux là-bas, c’était… Et ils ont eu le choix entre Nevers et Thonon-les-Bains, puisqu’il était fonctionnaire aussi. Il a pris Thonon-les-Bains… Et il a bien fait, hein !

Quartier général du 1er régiment étranger de la Légion étrangère française, à Sidi-bel-Abbès, en mars 1960. L’Algérie était le foyer de la Légion depuis sa création en 1831.
La guerre d’indépendance algérienne a débuté en novembre 1954 et s’est terminée en 1962 lorsque le président français Charles de Gaulle a déclaré l’Algérie un pays indépendant le 5 juillet.

Des négociations prolongées ont abouti à un cessez-le-feu signé par la France et le Front de libération nationale le 18 mars 1962 à Évian, en France. Les accords d’Évian prévoyaient également la poursuite des relations économiques et culturelles. Les accords d’Évian garantissaient les droits religieux et de propriété des colons français, mais la perception qu’ils ne seraient pas respectés conduisit à l’exode d’un million de pieds-noirs.


Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, environ 800 000 pieds-noirs de nationalité française ont été évacués vers la France métropolitaine et environ 200 000 ont choisi de rester en Algérie. Parmi ces derniers, il en restait encore environ 100 000 en 1965 et environ 50 000 à la fin des années soixante.


Ceux qui ont émigré en France ont été victimes d’ostracisme de la part de la gauche pour leur exploitation présumée de musulmans indigènes. Certains les ont blâmés pour la guerre, d’où les troubles politiques qui ont entouré la chute de la IVe République française. Dans la culture populaire, la communauté est souvent représentée comme se sentant retirée de la culture française tout en aspirant à l’Algérie
 
 
“Mes parents ont été obligés de rentrer rapidement parce que mon père était malade et que les hôpitaux là-bas, c’était… Et ils ont eu le choix entre Nevers et Thonon-les-Bains, puisqu’il était fonctionnaire aussi. Il a pris Thonon-les-Bains… Et il a bien fait, hein !”
 

Le baccalauréat

Ça, c’était une sacrée épreuve, le baccalauréat ! Plus comme maintenant où ils te le donnent… Première partie de Bac avec écrit et oral : à l’oral, il y avait toutes les matières. La deuxième partie : à nouveau, écrit, oral. Avec ça, les profs qui te posaient des questions… Et puis en plus, j’étais petite. Alors déjà mon physique ne m’aidait pas, et j’étais gauche. J’étais timide, mais je le faisais parce qu’il fallait. “Allons-y gaiement !”… Pas très gaiement quand même.…

Sur une classe de 30, il y en avait peut-être 10 ou 15 qui avaient le Bac, pas plus. Il y avait une sacrée sélection. C’est pour ça qu’on était tous très contractés, très inquiets de cet examen ; alors que maintenant, je les vois partir le matin du Bac et “ha ha !”, ils chantent, ils ont leurs téléphones… Mais c’est tant mieux. C’est mieux !

Au début des années 1960, le taux de réussite au baccalauréat atteignait seulement les 60 % environ.
 
“Puis en plus tu sais j’étais petite et tout. Alors déjà mon physique ne m’aidait pas et j’étais gauche. Mais je le faisais parce qu’il fallait. Des fois tu étais poussé par le reste. Allons-y gaiement ! Pas très gaiement quand même…”
 

Émancipation

Le moment où je me suis sentie devenir adulte, c’est quand je me suis mise à travailler, à 21 ans. Parce que déjà, on n’était pas majeur avant d’avoir 21. Et puis c’était un peu spécial pour moi puisque j’étais en Algérie, qu’il y avait des évènements, que j’étais une fille et tout ça… Mes parents n’ont jamais voulu que je parte travailler dans les douars. J’étais institutrice, en plus, je venais de commencer. J’ai commencé un peu tard à cause de ça, parce que mes parents n’ont jamais voulu que je démarre là-bas. C’était trop risqué, surtout pour une fille. Donc je suis restée près de deux ans chez mes parents à rien faire. Et puis après, quand même, j’ai pris un poste un peu sécurisé. Il y avait plus d’armée autour de l’école. Autour de moi, il y avait plein de militaires. J’étais la seule fille du village ! Mon premier poste d’institutrice, c’était en Algérie, a Boudjebar. Et puis, j’ai gagné mes sous ! Après, j’ai travaillé et puis je me suis mariée et puis voilà ! C’était 21 ans, quoi. À cause de ce retard pris à cause des événements, qui ont fait que moi, j’avais peur d’aller dans les villages sans protection avec les Felagas qui rôdaient autour, en plus moi une fille. J’avais peur. Et c’est comme ça que j’ai commencé et que j’ai pris mon indépendance à 21 ans. Arrivée à Auxerre, j’ai été mariée, alors elle était limitée l’indépendance !

J’ai rencontré Colbert en Algérie. Parce qu’il était militaire. Il était militaire et puis moi ben… J’étais une jeune fille qui se promenait dans la rue ! C’était à un bal. Il jouait de la clarinette. Je suis allée à un bal du 1er Mai ou du 8 Mai, j’en sais rien. Et puis là, il y avait un orchestre militaire. C’était la fanfare du régiment. Il jouait de la clarinette. Et puis on était trois ou quatre copines et puis on parlait, on disait “celui là, il est pas mal… celui là…”. Et puis je lui ai dit : “Tu vois celui qui joue de la clarinette, il me plairait bien !”. Comme ça. Et puis une danse ou deux après, il pose sa clarinette et il descend de l’estrade. Et puis moi, je ne sais pas, j’étais un peu timide, un peu effacée. Et puis elle me dit : “Tiens, il vient vers nous !” Et je lui dis : “Ca, c’est pour toi”. Et puis non, c’était pour moi ! Et voilà comment je l’ai connu.

 
“Il jouait de la clarinette. Et puis on était trois ou quatre copines et puis on parlait, on disait ‘celui là, il est pas mal… celui là…’. Et puis je lui dis : ‘Tu vois celui qui joue de la clarinette, il me plairait bien !’. Comme ça. Et puis une danse ou deux après, il pose sa clarinette et il descend de l’estrade. Et puis moi, je ne sais pas, j’étais un peu timide, un peu effacée. Et puis elle me dit : ‘Tiens, il vient vers nous !’ Et je lui dis : ‘Ca, c’est pour toi.’ Et puis non, c’était pour moi ! Et voilà comment je l’ai connu.”
 
5e Régiment d’Artillerie, 1960

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